lundi 7 mars 2016

"LES CHAMPS DE LA CONSCIENCE"


Notre cerveau est affecté par notre environnement. Au gré des circonstances, s’y créent des champs d’énergie. Quel rôle jouent-ils dans notre santé ?

Malaisie, le soir venu, des milliers de lucioles éclairent la rivière de Kuala Selangor. Au début, leur scintillement est aléatoire. Au bout d’une demi-heure, toutes brillent au même moment. Le phénomène est connu : le vivant tend à entrer en résonance et à se synchroniser avec son environnement. « Nous sommes en permanence entraînés, confirme le Dr Denis Bédat, chercheur en biophysique et spécialiste des états cérébraux. Ainsi, après 3 mois de cohabitation, deux femmes finiront par avoir leurs règles simultanément. » Au quotidien, il n’en va pas différemment. Imaginez-vous au milieu d’un centre commercial bondé, happé par le monde alentour. Puis lové dans votre canapé, bercé par une douce musique, replié sur votre intériorité. Dans un cas ou dans l’autre, votre être ne vibre pas de la même chose. Cette réalité est physiologique : le bruit, la lumière, les couleurs, le calme ou la frénésie… Ce que nous vivons et le milieu dans lequel nous nous trouvons « résonnent en ondes » dans notre corps. Au niveau cérébral, « plus les sollicitations extérieures sont fortes, plus les neurones absorbent et traitent d’informations », plus cette activité accroît l’intensité de l’énergie électromagnétique dans le cerveau.


Des rôles précis

Oscillant généralement entre 0,5 et 40 Hz par seconde, ces champs sont le « pouls de notre conscience ». Classés par la science en 4 grandes catégories, du sommeil profond à l’activité intense, chacun est le reflet d’un état mental particulier, tous ont des impacts sur nos processus biologiques. « La libération de tel ou tel neurotransmetteur dans le cerveau est conditionnée par l’intensité des communications entre les neurones », explique ainsi Denis Bédat. Au centre commercial, l’ambiance est électrique, l’esprit s’échauffe, la fréquence cérébrale s’élève, jusqu’à déclencher une hormone du stress. Chez vous, l’atmosphère est calme, le rythme cérébral s’apaise, une hormone du bien-être se libère.
Connaître ces phénomènes permet de maîtriser leurs effets sur notre santé. « Grâce à des systèmes d’électroencéphalogramme et de neurofeedback, disponibles pour l’instant dans certains centres de recherche neuro-hospitaliers, il est désormais possible d’identifier en temps réel la fréquence cérébrale dans laquelle on se trouve et d’agir sur elle », indique le chercheur. Comment ? D’abord par « des exercices d’autorégulation », basés sur la force de l’intention : « Le patient regarde ses ondes cérébrales à l’écran puis essaie de les faire évoluer. » Cette technique demande un entraînement, mais permet à terme d’atteindre le niveau vibratoire souhaité, « simplement en se remémorant l’exercice, sans le refaire ».
Autre possibilité : modifier le champ à l’aide de stimulations multi-sensorielles externes. « Le rythme cérébral d’un enfant souffrant de troubles de l’attention est bloqué entre 8 et 12 Hz, explique ainsi Denis Bédat. Sous forme de sons, de lumière, de vibrations et d’ondes électromagnétiques, on lui envoie des signaux montant progressivement jusqu’à 15 Hz, qui est la fréquence de la concentration. Après 3 semaines de protocole, le cerveau n’a plus besoin d’aide pour atteindre ce niveau. »


Maîtrise de soi

Le scientifique s’enthousiasme : nous tenons peut-être là le futur moyen d’optimiser nos potentiels. « Imaginez un pendentif ou une application Smartphone capable de détecter la fréquence cérébrale dans laquelle vous vous trouvez, puis de vous envoyer des signaux pour arriver à celle désirée. Vous avez un quart d’heure pour faire une sieste ? Vous programmez votre outil sur 3 Hz, pendant 15 minutes. Besoin de vous relaxer ? Un petit coup de 8 Hz. Un rendez-vous important ? Cap sur 15 Hz, pour être attentif et performant. » La recherche y travaille… En attendant, de nombreuses études montrent que des méthodes ancestrales comme la méditation permettent de réguler et d’harmoniser les champs d’énergie dans les deux hémisphères du cerveau, quel que soit l’environnement alentour, et donc d’être davantage maître de son bien-être. « Les grands yogis atteignent rapidement l’état de conscience de leur choix et s’y maintiennent, même au milieu d’une discothèque ! rappelle Denis Bédat. Leurs ondes cérébrales sont structurées, parfois même harmoniques. Leurs lobes corticaux vibrent au diapason. C’est la porte de l’illumination. »


De 12 à 40 Hz : Béta, le champ de l’attention

Vous êtes au travail, concentré sur un dossier. Le téléphone sonne, un collaborateur paniqué vous soumet un problème. Vous l’écoutez, tout en essayant de continuer votre tâche. Coup d’œil sur la montre, vous êtes en retard à votre déjeuner. En chemin, vous manquez de vous faire renverser par une voiture, pestez contre le conducteur. Le restaurant est bruyant, vous redoublez d’efforts pour suivre la discussion… En prise directe avec votre environnement, vous avez des choses à faire et vous les faites. Objectif : efficacité. Dans ces moments, les neurones téléchargent et traitent rapidement des tonnes de données ; ça chauffe sous le casque, l’énergie s’élève, les ondes sont courtes, compactes, leur fréquence élevée. Confronté à une situation exceptionnelle de difficulté ou de danger, vous pouvez même atteindre gamma (40 Hz et plus) : en état d’alerte, votre cerveau capte encore plus d’informations, en garde davantage en mémoire. Par ce processus, le contenu de chaque instant se densifie, le temps se ralentit, vos perceptions et réactions sont étonnantes d’acuité.
Atteindre les hauteurs de bêta déclenche la libération de cortisol et de noradrénaline, qui entraîne la constriction des vaisseaux sanguins, l’augmentation du rythme cardiaque, l’élévation du taux de sucre dans le sang, la création d’une tension musculaire. Ces pics sont utiles pour faire face à une situation, mais s’ils se prolongent, ils affaiblissent le système immunitaire, accélèrent le vieillissement, peuvent entraîner une fatigue chronique. Si l’on ne sait pas gérer l’hypersollicitation et la pression, on peut aussi se laisser submerger émotionnellement, devenir moins performant. Bonne nouvelle : pratiquer la méditation et la « pleine conscience » aide à focaliser son attention, contrôler les facteurs de stress et tirer parti des états de haute fréquence.


De 7,5 à 12 Hz : Alpha, le champ du lâcher-prise

Allongé dans votre canapé, vous regardez le soleil se coucher. L’ambiance est douce, vos pensées vagabondent, s’associent librement. Vous sortez vos crayons pour dessiner, un roman pour bouquiner. Tout en restant conscient du cadre environnant, votre esprit se tourne vers un lieu plus intérieur. Objectif : sérénité. Quand le mental n’est pas engagé dans une activité ou un milieu prenants, le cerveau reçoit moins de données sensorielles et d’énergie électromagnétique. Le rythme cérébral se la coule douce, et ça se voit : il est lent et diffus. Les aires du cerveau chargées normalement de détecter les stimuli extérieurs se mettent en veilleuse, l’environnement perd de son importance.
A ces fréquences, le cerveau libère des endorphines, le souffle et la pression sanguine se ralentissent, le stress diminue. A 10 Hz, un signal stimule la sérotonine, « un messager chimique naturel qui favorise la détente, soulage la douleur, aide à réguler l’humeur, l’appétit et le sommeil, ainsi que la détente musculaire », explique Denis Bédat. Cet état favorise aussi la création de nouvelles cellules et connexions cérébrales. Pour le cultiver, cap sur des exercices de respiration, de méditation ou de relaxation.


De 3,5 à 7,5 Hz : Téta, le champ de l’inspiration

Vous êtes allongé dans l’herbe, détendu, les yeux perdus dans le ciel. Tout à coup, vous distinguez des formes très nettes dans les nuages, qui vous inspirent. Ou bien vous êtes assis dans l’obscurité, les yeux fermés. Pas un bruit. Privés de stimulation, vos sens sont au repos, votre esprit s’enfonce dans un état de méditation profonde. Vous êtes toujours là, mais plus vraiment maître à bord. Le paysage est celui de votre intériorité, des rêves et des souvenirs oubliés affleurent, des images émergent, des connexions et des idées surgissent. Objectif : créativité.
« Cet état n’est pas facile à observer car nous sommes conditionnés, quand ces fréquences diminuent, à plonger rapidement dans le sommeil », note Denis Bédat. A ces niveaux, le système nerveux central s’isole, notre esprit est tout ouïe pour notre monde intérieur. Là nichent les solutions aux problèmes qui nous taraudent. A 5 Hz, le corps libère du potassium et du sodium, entraînant une « réinitialisation émotionnelle » qui efface tous les « mini-traumas » de la journée. à 4 Hz, c’est au tour des catécholamines, comme l’adrénaline et la dopamine, vitales pour doper nos capacités d’apprentissage et de mémoire.
Au quotidien, la présence accrue de champs alpha et thêta dans le cerveau, notamment grâce à la pratique régulière de la méditation ou la répétition d’un son basse fréquence comme celui d’un tambour chamanique ou d’un bol tibétain, crée une sorte de « tampon » qui empêche les facteurs de stress de l’entraîner vers de trop hautes fréquences. Un bon moyen d’être à la fois plus calme, plus créatif, et plus efficace.


De 0,5 à 3,5 Hz : Delta, le champ de la régénération

Il fait nuit, vous dormez à poings fermés, plongé bien au-delà des rêves dans un sommeil profond. Alors qu’en phase onirique, le cerveau est très actif, que le souffle et le cœur ont tendance à s’accélérer, là, tout se ralentit à l’extrême. Dans ces moments, aucune information n’atteint le cortex, l’esprit se déconnecte du monde extérieur autant qu’intérieur, le processus mental est au plus bas, le champ électromagnétique du cerveau très réduit. Les tensions musculaires sont minimales, la consommation d’énergie, le rythme cardiaque et la respiration sont faibles. Tout travaille en profondeur : les ondes cérébrales sont amples et espacées, les neurones oscillent en synchronie, la récupération physique est intense – d’où la nécessité d’un sommeil de qualité.
A l’état d’éveil, « l’envoi de fréquences d’1 Hz ou moins dans le corps provoque une vague régénératrice, euphorisante », indique Denis Bédat. L’accroissement des ondes delta dans le cerveau est aussi associé à l’empathie et l’intuition – comme si l’atteinte de ces fréquences permettait d’entrer en résonance avec un champ d’information non détecté par les canaux habituels. 


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