samedi 31 mai 2014

"CINQ LECONS DE SAGESSE MASSAI"



Chercher et trouver sa cohérence intérieure, rester relié aux autres et à l’univers, c’est ce à quoi nous invite le peuple massaï. L’anthropologue Xavier Péron nous fait découvrir ce mode de vie dans son dernier livre, également manuel de développement personnel.
Flavia Mazelin-Salvi
Sommaire

    Ilmao : accepter la dualité
    Encipaï : être dans la joie
    Osina kishon : accueillir la « souffrance-don »
    Eunoto : devenir un planteur
    Aingoru enkitoo : rechercher le bon ordre

D’eux, on ne connaît que leur longue silhouette au port altier drapée de rouge. Les Massaïs, un peuple d’éleveurs et de guerriers, figurants photogéniques dans Out of Africa (film de Sidney Pollack, 1986) ou des documentaires sur le Kenya. Ce que l’on ignorait, jusqu’au travail de l’anthropologue Xavier Péron, c’est qu’ils se transmettent de génération en génération une spiritualité riche, vécue au quotidien, d’une portée universelle et qui conçoit l’homme comme le cocréateur de l’univers.

Pour les Massaïs, comme dans la spiritualité amérindienne ou le taoïsme, l’humain est avant tout un être relié. Aux autres, à son environnement et à une force intelligence qui le dépasse et qu’eux-mêmes nomment Enk’Aï, « la déesse-mère, source de toute vie, explique Xavier Péron. Elle prend différents aspects, multiplie ses manifestations, et chacun est en relation collective et individuelle avec elle, par les prières, les danses, les pensées comme par les actes. Enk’Aï envoie par exemple la pluie qui nourrit les bêtes et les hommes, mais aussi les épreuves qui leur permettent de grandir spirituellement ». 




Xavier Péron est enseignant-chercheur en anthropologie politique et expert des peuples premiers. Il est l’auteur des Neuf Leçons du guerrier massaï (Jouvence Éditions, 2013). Dans ce récit initiatique, l’auteur nous présente la spiritualité massaï et la façon de mettre en pratique ses principes au quotidien.

L’anthropologue a vécu pendant des années parmi eux, a été initié à leurs rites et, depuis trente ans, poursuit une relation spirituelle intense avec Kenny, son ami et guide massaï. « Chez eux, remarque-t-il, il n’existe ni philosophie ni dogme religieux ; ils vivent la réalité en faisant corps avec elle, tout en ayant conscience de ce qu’ils doivent apporter en tant qu’individus et membres d’une collectivité pour maintenir l’équilibre et l’harmonie dans la grande chaîne de la vie. »

Selon lui, leur spiritualité peut se traduire par ces lignes de force : vaincre ses peurs, rester relié, ne pas créer de division en soi et autour de soi, tirer parti des épreuves, faire l’expérience de ce qui est.

« C’est ce que je m’efforce de pratiquer au quotidien et qui a changé ma vie, et c’est pour cela que je me sens leur passeur en Occident. Pour les hommes séparés, dispersés, agités que nous sommes devenus, il me semble important de diffuser leur message d’appel à l’unité intérieure, à l’ouverture de la conscience, deux ferments essentiels d’un vivre-ensemble plus juste et plus humain. » C’est cette voix que nous avons eu envie de faire entendre. Non pas pour idéaliser une culture ou un mode de vie, mais plutôt pour nous nourrir et nous inspirer. En découvrant les cinq piliers de la spiritualité massaï.
Ilmao : accepter la dualité


Le terme « massaï » provient du mot ilmao (« les jumeaux »), qui exprime la croyance selon laquelle toutes les choses sont reliées à d’autres pour former des paires d’éléments complémentaires
. Comme dans le tao et sa figure du yin et du yang, les contraires existent, mais ils ne sont pas antagonistes. La dualité règne à l’extérieur, comme le jour et la nuit, la pluie et la sécheresse ; et à l’intérieur de soi, où s’entrechoquent les élans altruistes et les désirs égoïstes, la peur et le courage… La refuser est, pour les Massaïs, le meilleur moyen de souffrir et d’être en conflit avec les autres. D’où la nécessaire acceptation de la dualité du monde et des êtres. Une posture qui favorise la patience et la bienveillance.

LA PRATIQUE

Identifiez vos jumeaux intérieurs. Dressez la liste de vos qualités et corrélez chacune d’entre elles à un défaut et à des comportements qui ont pu vous conduire à des échecs ou à des conflits. Exemple : « généreux » peut aller de pair avec « inconséquent », la générosité peut aussi devenir attente de réciprocité et être source de désaccord lorsqu’elle reste à sens unique. Le but est de poser sur soi et sur les autres un regard nuancé et indulgent.

Mettez en adéquation vos mots et vos actes pour éviter les dissonances et les antagonismes, sources de déséquilibre personnel et relationnel. Actes et mots doivent être jumeaux. Aucune différence entre le dire et le faire chez les Massaïs, qui savent par expérience que cette cohérence est la garantie de relations saines et durables


Encipaï : être dans la joie

Pour les Massaïs, la joie n’est pas un but mais un point de départ. Elle est la manifestation du lien vivant qui les unit à la déesse-mère, source de toute vie. La gratitude nourrit la joie, qui, à son tour, renforce le sentiment de gratitude. Gratitude d’être en vie, de pouvoir se nourrir, de pouvoir partager les épreuves et les réjouissances… Partager et se réjouir ensemble, mettre en lumière ce qui va bien, faire preuve d’humour sont autant de pratiques qui entretiennent chaque jour la joie de vivre. Être dans la joie est également une forme de politesse que l’on doit aux autres, elle génère un confort relationnel dont chacun profite. D’ailleurs, les Massaïs ont l’habitude d’annoncer une mauvaise nouvelle en la « coinçant » entre deux bonnes. Cette formulation met du baume au coeur de celui qui la reçoit et allège le fardeau de celui qui la transmet.

LA PRATIQUE

Cultivez la gratitude au quotidien, en commençant par prendre conscience des dons, aussi minuscules soient-ils, que vous recevez. La porte que l’on vous tient, le sourire que l’on vous adresse, le repas que vous partagez… Donnez à votre tour, en conscience, du temps, des compliments, des conseils, toutes ces petites choses qui adoucissent et embellissent les journées de ceux qui vous entourent.

Positivez en « enserrant » une pensée ou un fait négatif entre deux pensées ou faits positifs, comme le font les Massaïs.

Reconnectez-vous à l’énergie de la nature. C’est elle qui nous fait nous sentir maillons de la grande chaîne du vivant. Rien de tel que de s’adosser à un arbre et de perdre son regard dans sa frondaison jusqu’à se sentir un avec lui pour retrouver sérénité et force intérieure. Deux éléments constitutifs du bonheur d’être.


Osina kishon : accueillir la « souffrance-don »


(Pour aller plus loin:
Xavier Péron donne des conférences d’éveil à la spiritualité massaï. Rens. : xavierperon.com.)

Sans souffrance, pas d’éveil. C’est la conviction profonde des Massaïs, qui voient, dans les épreuves envoyées par Enk’Aï, l’opportunité de grandir. Un de leurs proverbes sacrés en témoigne : « La chair qui n’est pas douloureuse ne ressent rien. » Dans cette perspective, ils remercient la déesse-mère de placer l’épreuve-opportunité sur leur chemin. Leur rituel collectif consiste alors à « nouer son coeur » en faisant huit noeuds (représentant l’épreuve) sur une corde (le coeur), qu’ils vont dénouer (symbole de la résolution), montrant ainsi que, encore une fois, tout est duel et que l’on ne peut délier un problème qu’en le reconnaissant comme sien puis en affrontant la difficulté pour la résoudre.

LA PRATIQUE

Procédez comme les Massaïs, qui visualisent leurs émotions (peur, tristesse, colère, abattement, désir de vengeance…) après le rituel collectif de la corde, et les transportent vers leur coeur pour les brûler et les transformer en vive énergie, à la manière de l’alchimiste qui, dans son athanor, transforme le plomb en or.

Interrogez ensuite votre épreuve comme le Massaï qui parle à l’épreuve en ami. Que veux-tu me dire ? Quelle est ma responsabilité ? Dois-je attendre ou agir ? Quelle direction dois-je prendre ?

Notez toutes les réponses qui vous viennent spontanément sans les censurer ni les juger.


Eunoto : devenir un planteur


À la posture du constructeur, les Massaïs préfèrent celle du planteur. Alors que le premier se concentre uniquement sur la réalisation de l’objectif qu’il s’est fixé, la construction, le second plante son arbre, le soigne, mais accepte de faire avec ce qui lui échappe (le rythme de croissance, les aléas de la météo…). Concrètement, être planteur, c’est se mettre en phase avec le moment présent, s’adapter et se maintenir dans un état entre vigilance et confiance, volonté et humilité. Cette souplesse est facteur de sérénité, de patience et met à l’abri de la colère et de la déception.

LA PRATIQUE

Ancrez-vous, comme l’arbre, dans le moment présent. Les Massaïs disent : « Le passé est un pays où je n’habite plus. » Ici et maintenant, que ressentez-vous ? Comment pouvez-vous composer au mieux avec la situation et les personnes présentes ? Que charriez-vous d’inutile et de pesant du passé ? Quelles projections anxieuses vous empêchent de goûter à la saveur du présent ?

Plantez un arbre, prenez soin d’une plante. Cela vous incitera à mettre momentanément les « je veux » sur la touche et vous aidera à faire simplement avec ce qui est.


Aingoru enkitoo : rechercher le bon ordre

Être dans la justesse – dans ses mots, dans ses actions –, cela signifie pour les Massaïs être reliés à Enk’Aï. Une posture qu’exprime l’expression « avoir le regard clair et la démarche alerte ». La clarté du regard signifiant que la cohérence intérieure se voit de l’extérieur, et la démarche alerte témoignant d’un sentiment de légèreté et de sécurité dû à la certitude de marcher sur son bon chemin. Troubles, conflits, agitation sont, en revanche, les signes que l’on s’est décentré et que l’on s’est éloigné de sa « mission ». Car, pour les Massaïs, être en quête du bon ordre, c’est aussi chercher ce que l’on est venu faire sur terre.

LA PRATIQUE

Écoutez les messages de votre corps lorsque vous avez fait un choix, pris une décision. S’ils sont justes, sous les émotions superficielles (appréhension, excitation), vous devez ressentir une vague de calme, une sensation de paix intérieure, qui peut se traduire en mots par « ce n’est pas facile, mais c’est juste ». En revanche, interrogez-vous si vous ressentez des tiraillements, de l’inconfort, de l’agitation mentale et physique, et que ces sensations durent ou se manifestent chaque fois que vous pensez à votre choix ou à votre décision.



jeudi 22 mai 2014

"NOS PENSEES CONTROLENT-ELLES NOTRE SYSTEME IMMUNITARE?"


de Danielle Duperret

Les mauvaises nouvelles d'abord

Les médias nous font part, presque quotidiennement, de l’apparition de foyers de maladies de part le monde, ainsi que de découvertes de nouveaux virus et de nouvelles bactéries résistantes aux antibiotiques. Les médecins se sentent impuissants contre ces assauts, qu’ils n’ont pas les moyens de combattre. Entre le SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère) causé par un coronavirus (virus très contagieux) qui s’est déclaré dans le Moyen-Orient, et le virus Ebola en Afrique, en passant par les nombreux virus qui causent les grippes annuelles, sans oublier les infections iatrogènes (contractées dans les hôpitaux ou suite à la pharmacodépendance), on peut se demander ce que l’avenir nous réserve. Une discussion avec un médecin ne m’a pas rassurée. Selon lui, les épidémies d’antan seront bientôt jeux d’enfants comparées à celles auxquelles nous ferons bientôt face.

Elle ne m’inspirent pas


Je n’aime pas les mauvaises nouvelles. Elles ne m’inspirent pas. Depuis mon adolescence, j’ai appris qu’à tout problème, il y a une solution. Passons aux bonnes nouvelles : imaginez votre vie si votre esprit pouvait avoir une mesure de contrôle, ou même le pouvoir d’influencer ce qui se passe dans votre corps. Futuriste ? Peut-être pas. Les recherches prometteuses de la psycho-neuro-immunologie nous offrent de l’espoir.

La psycho-neuro-immunologie

Cette science, comme son nom l’indique, allie principalement la psychologie (l’étude scientifique du comportement et des fonctions mentales), la neurologie (une spécialité médicale se penchant sur les troubles du système nerveux) et l’immunologie (une autre spécialité médicale qui examine les différents aspects du système immunitaire). Simplement dit, la psycho-neuro-immunologie étudie les interactions entre les pensées, le système nerveux et le système immunitaire.

Dans ce premier article, nous allons jeter des bases pour comprendre l’évolution de cette nouvelle discipline. Un article plus "vivant" suivra, ainsi qu’une conférence vidéo en ligne.

Évolution des connaissances


Il est utile de se faire une idée de l’évolution d’une science : voici, très brièvement, un peu d’histoire. Claude Bernard, un physiologue français, s’intéressait à la relation entre les troubles psychiatriques et le système immunitaire et créa le concept de "milieu intérieur" dans les années 1865. Walter Cannon, un professeur de physiologies à l’Université de Harvard, poursuivit ce concept et publia, en 1932, le livre Wisdom of the Body (La sagesse du corps), dans lequel il développait l’idée d’homéostasie, selon laquelle le corps régularise les différents systèmes pour se maintenir dans une condition stable et relativement constante.

Durant ses recherches sur les animaux (recherches qui semblent utiles mais que je déplore), Walter Cannon remarqua que l’anxiété, la détresse et la rage arrêtaient les mouvements de l’estomac des bestioles qu’il étudiait. Il observa que ces émotions déclenchaient les réactions de lutte, fuite ou immobilisation (on lui doit le terme "flight or flight reflex" - "réaction de fuite ou de lutte"). Les fruits de son travail furent publiés dans de nombreux articles et condensés dans le livre The Mechanical Factors of Digestion (Les éléments mécaniques de la digestion).

Nous en arrivons à Hans Selye, un endocrinologue hongrois, pionnier des recherches sur le stress, décédé en 1982. Hans Selye poursuivit ses recherches à l’Université de Montréal, avec l’aide de 40 assistants et sur 15 000 animaux, mettant les animaux dans des conditions physiques et mentales adverses variées. Après plusieurs années d’expérimentation, il développa le modèle du syndrome général d’adaptation, une théorie du stress, durant lequel les glandes surrénales augmentent de volume, le thymus, la rate et certains tissus lymphoïdes s’atrophient ; on observe également des ulcérations gastriques. Il publia 1700 rapports de recherches et 7 livres.

Hans Selye décrit trois étapes de ce processus d’adaptation : 1) alarme, 2) résistance et 3) épuisement. Prenons l’exemple de la cigarette. En général, la première cigarette nous fait tousser : le corps réagit et nous envoie un signal d’alarme. Si l’on continue à fumer, le corps va s’adapter et devenir résistant. On ne toussera plus et tout ira bien, pendant plusieurs années. Finalement, l’adaptation épuisera le corps et une bronchite, l’emphysème, un cancer ou la mort se déclareront.

Au milieu du 20ème siècle, Georges F. Salomon, de l’Université de Californie à Los Angeles, publia le livre Emotions, Immunity and Disease : a speculative theoretical integration (Les émotions, l’immunité et la maladie : une intégration théorique spéculative) dans lequel il forgea le terme psycho-immunologie. Il avait remarqué que les patients psychotiques avaient une réaction différente des patients non-psychotiques à la vaccination contre la coqueluche : le nombre de lymphocytes et d’anticorps était plus bas chez les psychotiques.

Genèse de la la psycho-neuro-immunologie

Nous en arrivons à la psycho-neuro-immunologie. En 1975, Robert Ader et Nicholas Cohen, de l’Université de Rochester à New York, ont démontré, sur des rats, que le système immunitaire pouvait être conditionné. Les rats buvaient de l’eau contenant de la saccharine, puis ingéraient le médicament Cytoxan, qui donne des nausées et supprime le système immunitaire. Ader découvrit qu’après avoir été conditionnés, les rats réagissaient simplement lorsqu’on leur donnait de l’eau avec de la saccharine, sans médicament. Les résultats ont été reproduits maintes fois, attestant leur validité. Ce fut la première expérience scientifique démontrant que le système nerveux (le goût) pouvait influencer le système immunitaire.

En 1981, David Fellen, à l’Université de médecine de l’Indiana, découvrit un réseau de nerfs conduisant à des vaisseaux sanguins et à des cellules du système immunitaire. Des chercheurs ont également trouvé des nerfs, dans le thymus et la rate, se terminant en grappes de lymphocytes, de macrophages et de mastocytes, qui tous contrôlent la fonction du système immunitaire. Ader, Cohen et Felton publièrent le livre révolutionnaire : Psychoneuroimmunology (Psycho-neuro-immunologie).

Finalement, en 1985, Candace Pert, faisant des recherches en neuropharmacologie au NIH - National Institute of Health (Institut National de la Santé), découvrit qu’il y avait des récepteurs de neuropeptides spécifiques dans les membranes cellulaires du cerveau et du système immunitaire. La découverte que les neurotransmetteurs et les neuropeptides agissent directement sur le système immunitaire démontre leur étroite collaboration avec les émotions et suggère qu’il y a un mécanisme liant les émotions au système immunitaire.

Cette collaboration entre les différents systèmes, immunitaire, endocrine et nerveux ainsi qu’avec le cerveau, permet de mieux comprendre le lien entre les émotions et les maladies.
Lorsque j’ai étudié l’imagerie guidée interactive, nous nous sommes fortement appuyés sur les travaux de Hans Selye et de Candace Pert.

Pour lire ce que peut nous apporter cette collaboration entre les différents systèmes, lisez l’article sur L’imagerie et la puissance de l’esprit dans la guérison, paru dans Énergie-Santé.

Rendez-vous pour le prochain article, plus vivant, qui mettra en valeur la puissance de l’esprit dans la guérison.

Voir l’article complémentaire, de Danielle Duperret :
Nos pensées contrôlent-elle notre système immunitaire ?
 

Danielle Duperret

Danielle Duperret est un docteur naturopathe et holistique, intéressée par l’énergie de la nourriture, la psychologie quantique, la parapsychologie, le biofeedback et la spiritualité depuis sa jeunesse. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages en anglais, qu’elle est en train de traduire en français.

Née et élevée en Suisse, elle a voyagé à travers l’Europe, le Moyen-Orient et l’Inde avant de venir s’installer aux États-Unis en 1979, où elle vit présentement à Las Vegas.

Elle a donné naissance à 7 enfants (6 filles et 1 garçon), tous nés naturellement à la maison, qui ont eu le privilège d’un enseignement personnalisé à domicile et d’une alimentation biologique.

Elle a préparé des cours de naturopathie traditionnelle et quantique accrédités, pour des professionnels de la santé et offre de nombreux ateliers pour professionnels et grand public.

Sa vie n’a pas toujours été rose… mais elle a transformé les tragédies qui ont failli l’abattre en une force intérieure qui lui a permis de triompher de nombreux coups durs. Atteinte d’un cancer à l’âge de 15 ans, elle s’est mise à étudier la nutrition et la psychologie. Isolée, violée et violentée, mise en prison pour un crime qu’elle n’avait pas commis, elle a mis en pratique toutes les stratégies et techniques mentales et psychologiques qu’elle avait étudiées, puis a distillé celles qui l’avaient soutenue dans les circonstances les plus désespérées.

De la tragédie au triomphe, du chaos à la clarté, de la peur à la foi, le docteur Danielle offre des programmes d’études à domicile, des ateliers et des consultations personnelles, transmettant son savoir et son expérience à ses clients pour leur permettre de surmonter leurs obstacles et de vivre une vie riche et épanouie.

Danielle Duperret
Docteur naturopathe et holistique, ND/PhD - Las Vegas (USA)
dynamicdr1@gmail.com
 

Le site de Danielle: http://www.DanielleDuperret.com/fr


mardi 13 mai 2014

"LA NECESSITE DE TRAVAILLER SUR SES PEURS"


Nous sommes à la fois manifestation physique et Essence universelle ; or nous avons oublié notre source.

A mesure de l’éloignement de son identité divine, l’humanité s’est installée dans le doute, la perte de confiance. Le voile s’est graduellement épaissi, et de moins en moins guidée par la sagesse de l’être profond, l’ego trompeur s’est construit avec ses certitudes et son système de croyances. L’ego manipule parfois à notre insu les outils spirituels, énergétiques ou corporels que nous sommes amenés à utiliser. Cela a pour conséquence de générer beaucoup d’illusions et la conviction de l’inutilité de reconnaître nos peurs, la blessure qui nous habite, d’en comprendre le sens…

Il est vrai qu’il peut être tentant de se tourner vers une recherche spirituelle en évitant soigneusement la confrontation avec nos ombres. Lesquelles finissent pourtant par nous rattraper à un moment ou à un autre de notre vie !

Les enseignements d’éveil font de l’instant présent la clé d’accès à l’ouverture de conscience. Il semblerait qu’il y ait parfois une distorsion de compréhension de cette réalité. En effet, ne pas s’identifier à nos pensées, nos émotions et vivre le moment présent ne signifie pas nier, rejeter ou fuir ces aspects de nous. Guérir les divisions intérieures impliquent d’intégrer l’expérience humaine dans la conscience de notre dimension lumineuse et d’unir les forces de l’horizontalité à celles de la verticalité. Cela implique notre responsabilité envers nous même et envers la vie d’une manière toute différente. Ainsi toutes nos blessures constituent le compost de ce qui devient notre force de vie.
Notre peur la plus intense est très souvent associée à ce que nous avons d’essentiel à réaliser dans notre incarnation présente.

A chaque fois que nous appréhendons un événement de la vie, une rencontre de manière difficile, il est en fait question d’une étape initiatique qui s’offre à nous, soit une opportunité de libération, de dissolution de quelque chose qui restreint notre élan de vie. Il est par conséquent de la plus grande importance de vivre nos expériences en toute conscience… Et pour cela nous devons réinvestir ce « territoire sacré », à savoir le présent de notre être dans ce corps. C’est de ce lieu, le corps, la conscience, la sensation dans l’instant présent que nous pouvons accueillir une réaction, une émotion, un sentiment douloureux, prendre conscience d’une programmation qui nous limite. Une réaction, c’est la manifestation d’une mémoire émotionnelle, donc d’une blessure…

Naître à soi-même, car c’est bien de cela dont il est question, c’est s’accompagner dans un processus de reconnaissance de soi à tous les niveaux de l’être, incluant la sphère psychologique.

Nous sommes créateurs de nos états intérieurs et non pas victimes. Il importe d’observer ce que nous avons mis en place pour masquer ce désarroi d’être éloigné de notre nature essentielle. La quête intérieure prend tout son sens quand elle inclut la question de la souffrance. Les pensées compulsives, les sentiments de mal-être, les sensations d’anxiété qui nous habitent, mais aussi les pulsions réactives (colères, émotions) ont leur source dans les peurs et les blessures que nous n’avons pas encore réussis à rencontrer, à accueillir, à embrasser.

A partir d’une expérience douloureuse, il y a tout un programme qui se met en place de sabotage, d’abnégation, de sous-évaluation, de non-amour de soi… Même si notre ego tente de nous persuader que nous sommes le plus intelligent, le plus beau, le plus performant. Et surtout s’il tente de nous en persuader, c’est pour cacher quelle détresse ?
Quelles sont ces circonstances de vie où nous refusons de lâcher prise ?
L’activation d’une blessure, le refus de mouvement, la rétraction de l’énergie.

La conscience de soi nourrit la confiance en soi. Il nous appartient de démystifier la souffrance pour libérer, accueillir et faire grandir cette confiance, la sentir encore plus palpable en soi. Le non-amour de soi, le manque de valeur et d’estime font que nous nous sentons de plus en plus abandonné par la vie. De ce fait nous cherchons davantage de sécurité, de reconnaissance, de pouvoir. Ce qui conduit inévitablement à se blesser encore davantage.

Notre humanité a banalisé l’état de victime et le «consensus social » en joue à notre dépend en actionnant tous les leviers de la peur. Aussi longtemps que nous nous positionnons comme victime de l’autre, de la vie, nous ne pouvons bénéficier du potentiel d’énergie et de conscience à notre disposition. A partir du moment où nous avons créé le petit moi et toutes ces identifications, nous ne vivons plus à partir de notre conscience profonde. Nous fonctionnons à partir d’une conscience de surface qui est une adaptation à notre conditionnement, à notre éducation et toutes les peurs, les appréhensions, les jugements que ceux-ci véhiculent. Ce sont alors nos pensées qui nous disent qui nous sommes, qui nous croyons devoir devenir. Elles élaborent des scénarios sur les autres, sur le monde, souvent fort différents de la réalité. L’être s’est confondu avec le personnage, occultant sa véritable essence… !

Le chemin d’éveil passe, de façon incontournable, par la découverte permanente de ce qui empêche d’Être. La somme des attachements, des attentes, des désirs, des besoins amoindrissent considérablement le sentiment d’Être et de vivre à partir d’une conscience profonde. Un certain nombre d’individus peuvent néanmoins sembler manifester une grande confiance en eux à laquelle s’ajoute force de conviction et charisme mais dont les fondements se trouvent encore dans un système de croyances. Si, de la perspective de l’Être, la peur ne fait que servir l’illusion, sur le plan de la manifestation physique elle n’en constitue pas moins une réelle entrave, générant beaucoup de souffrance.

Mes peurs, mes pensées, ne sont certes pas qui Je Suis ; elles sont pourtant mes créations et il m’appartient de les réintégrer, de les transmuter à la lumière de cet espace de conscience plus vaste et inclusif. Nous ne pouvons retrancher une partie de ce qui nous constitue. La lumière doit faire corps avec la densité. S’éveiller à qui nous sommes, c’est l’expérience d’une profonde réunification en soi. C’est à partir d’une conscience ancrée dans le moment présent que nous apprenons à apprivoiser ce qui nous fait peur. Il n’existe pas de technique ou de méthode miraculeuse. La seule pratique à laquelle se conformer est celle qui nous éveille à une aptitude à revenir au présent, encore et encore… !

C’est une sorte de gymnastique spirituelle qui demande entraînement et persévérance, le mental humain étant très mal adapté au moment présent. C’est faire le choix de cultiver cet art d’exercer sa conscience dans l’ici et maintenant afin d’intégrer sur un plan supérieur les pensées, les émotions et les sensations qui véhiculent les peurs, les attentes, et les frustrations. En d’autres mots : l’intégration du moi limité dans le soi illimité.

Excepté, en situation de danger immédiat, la peur – petite ou grande – n’a ni fondement, ni réalité objective dans l’instant présent.

Il s’agit le plus souvent d’une projection dans le futur en référence à un conditionnement passé tout en « zappant » le présent. Or, si une difficulté surgit dans le moment présent, il y a de grandes probabilités d’y trouver une résolution. Il n’y a cependant aucun pouvoir d’intervention au regard d’un événement passé si ce n’est que rajouter de la culpabilité ou renforcer le sentiment d’être victime. Et c’est la même chose quant aux peurs que nous projetons dans le futur. Elles procurent un sentiment d’impuissance et pompent nos ressources énergétiques. Lorsque nous luttons contre une peur ou tentons de la nier, elle prend tout l’espace, générant de plus en plus de stress, d’anxiété, d’angoisse. Si nous l’observons à partir d’un espace plus profond et de la sensation du corps dans l’instant présent, son intensité, son impact s’amenuise.
La charge émotionnelle qu’elle contient se dissout peu à peu libérant une grande quantité d’énergie jusque là prise au piège de cet état de fixation. La peur peut pourtant se représenter une fois, dix fois… Ce sera alors autant d’opportunités de l’apprivoiser et d’affiner cette aptitude à être de mieux en mieux lesté dans le moment présent, dans le Soi.

En terme métaphorique, la gymnastique spirituelle évoquée plus haut, va permettre de « muscler » la conscience-témoin afin que celle-ci prenne de plus en plus de place. Il est question d’une acuité sensorielle qui donne à voir, à sentir avec clarté les dynamiques dans lesquelles nous sommes à tous moments et les voir à partir d’une certaine distance ; avec empathie et bienveillance. La « Présence » convoque « l’ouverture » ; une ouverture totale envers toute expérience que nous rencontrons !

Puissions-nous cultiver une joyeuse vigilance au quotidien et faire le choix résolu de se resituer dans un ordre intérieur, dans une intégrité à tous niveaux, dans la clarté et le discernement… En sachant refuser la compromission, la manipulation et toute forme d’illusion, même si celle-ci est porteuse de belles promesses, comme la sécurité, par exemple. Nous sommes créateurs de notre propre vie mais notre engagement envers nous-mêmes ainsi que notre persévérance à oser nous hisser au-delà des conditionnements et des habitudes mentales sont souvent bien défaillants.

En chacun sommeille un être libre de tout jugement, de toute pulsion réactive et doté d’une grande capacité à ressentir, à s’émerveiller, à aimer, à compatir !.. Un être capable de se tenir là, dans le moment présent, et d’embrasser tout ce qu’il contient : une peur, une émotion ; sans tentative de fuite, de déni. Sans complaisance et sans compromis non plus. L’époque nous engage à inviter une conscience plus profonde à façonner notre humanité.

Article écrit par Sylvia Garance paru dans la revue le 3e millénaire